Le CSE obligatoire entre en vigueur avant le 1er janvier 2020 dans les entreprises d’au moins 11 salariés. Nombre d’instances sont d’ores et déjà confrontées à la transition entre le comité d’entreprise (CE) sortant et le Comité Social et Économique (CSE) nouvellement constitué.
Afin d’assurer une passation de pouvoir et de moyens dans les meilleures conditions, il convient d’observer quelques étapes sur le plan comptable. Elles garantiront un transfert de patrimoine dans les règles, d’après un processus de dévolution.
Étape n°1 : Établir un arrêté des comptes
Dans la mesure où le comité sortant et le comité élu sont deux entités juridiques distinctes, la transmission du patrimoine n’est pas automatique mais doit se faire par dévolution, c’est-à-dire par un processus juridique consistant en le transfert de droits, d’un patrimoine vers un autre.
Pour instaurer le CSE obligatoire, le CE doit établir un arrêté des comptes. Il se fait accompagner par un expert-comptable si ses ressources dépassent le seuil des 135 000€. Un arrêté des comptes s’opère à la fin d’un exercice comptable, généralement à la fin de l’année civile, et produit une photographie de la situation comptable du comité.
Un inventaire exhaustif du patrimoine du CE est nécessaire en amont de l’arrêté et doit mentionner tous les différents types de possessions :
- Les biens immobiliers et mobiliers (matériel de bureau, ordinateurs, logiciels, locaux, comptes bancaires, stocks) ;
- Les créances, biens ou sommes que l’employeur ou des salariés doivent au comité ;
- Les dettes, somme due par le comité à des tiers (prestataires, salariés, etc.) ;
- Les droits que le comité peut faire valoir à son profit (exécution de prestations payées, abonnements, maintenance informatique…) ;
- Les obligations, soit des engagements que le comité doit honorer (contrat en cours avec un inter-CE [?], contrats de travail, prêts, assurances, litiges, etc.).
L’arrêt des comptes a pour objectif de formaliser cet inventaire contenant tout ce qui sera transféré au nouveau CSE.
Quand mener la clôture des comptes et l’inventaire ?
Beaucoup d’élus se demandent quand mener cette clôture comptable pour s’assurer une bonne transition avec l’instance héritière. La loi n’impose rien en la matière mais de nombreux experts recommandent de le faire lorsque les élections professionnelles sont engagées, aux alentours du 1er tour. Les nouveaux élus sont ainsi renseignés rapidement sur le patrimoine dont ils vont bénéficier et pourront l’étudier très prochainement lors de la première réunion du CSE.
Si l’entreprise est plus importante, on peut traiter ces questions bien plus en amont des élections.
Cette commission produira un rapport complet à présenter aux nouveaux élus, qui complètera les premières informations dispensées au moment de la clôture des comptes au 1er tour.
Étape n°2 : Affecter les biens des instances sortantes au nouveau CSE
Une fois l’arrêté des comptes mené à bien, les élus du CE se rassemblent lors d’une dernière réunion, dont l’ordre du jour comporte la mention « affectation des biens et éventuelles conditions de transfert ».
Il s’agit donc pour les titulaires de voter à la majorité la résolution inventoriant tout le patrimoine, les modalités du transfert au CSE et de joindre l’arrêté des comptes.
Le CSE héritera de l’ensemble du patrimoine : biens, obligations, droits, créances et dettes, aussi, en cas de contrôle URSSAF [?] et d’irrégularité constatée, c’est lui qui devra s’acquitter des redressements.
Cela signifie également que les contrats signés par le comité sortant qui n’expirent pas avant sa dissolution sont transmis au CSE qui devra à son tour les observer, tout comme il aura à observer les contrats de travail en vigueur sous le comité précédent.
La question des contrats de travail se complexifie lorsque la fusion des IRP entraîne la création de plusieurs CSE d’établissement : lequel reprend le ou les contrats de travail transférés ? Les experts estiment qu’il faut impérativement anticiper ces difficultés avant les élections professionnelles afin de mettre en accord en place et d’offrir les réponses les plus satisfaisantes possibles.
Étape n°3 : Faire voter par le CSE les affectations de biens
Enfin, il revient aux nouveaux élus d’accepter le transfert du patrimoine lors de la première réunion du CSE par le biais d’un vote qui exclut toujours le dirigeant. Il convient d’inscrire à l’ordre du jour la mention « affectation des biens de l’ancien comité vers le CSE» pour pouvoir la traiter.
L’ordonnance dite « balai » du 20 décembre 2017 prévoit que « le CSE décide à la majorité de ses membres, soit d’accepter les affectations prévues par les anciennes instances, soit, de décider d’affectations différentes ». Or, le Code du travail ne précise pas l’expression « d’affectations différentes », ce qui empêche les élus de pleinement pouvoir prendre des décisions en cas de désaccord avec les affectations proposées par l’ancien comité. En l’état actuel de la législation, il n’est par exemple pas possible pour un CSE de modifier la répartition des budgets de fonctionnement et d’activités sociales et culturelles du CE.
De même, les textes de loi ne précisent pas si, par affectation différente, on peut comprendre que le CSE a la main pour affecter du matériel à un CSE d’établissement autre que celui choisi par les anciens titulaires. C’est toutefois ainsi que la SNCF a procédé lors de la passation de patrimoine entre ses instances sortantes et ses CSE d’établissement, faute de précisions apportées par les textes.
Un CSE d’établissement refusait l’affectation d’un bien à condition de le proposer à un nouveau CSE d’établissement [?]. Si ce dernier y consentait, le bien lui était transféré ; en cas de nouveaux refus, un juge était sollicité pour régler la question.
Il faudra attendre la publication de nouveaux décrets avant de s’engager dans des décisions potentiellement sources de litiges, ou a minima se faire accompagner par un avocat spécialisé sur la question.
Moment charnière de la représentation du personnel en entreprise, cette période de passation de pouvoir et d’obligations des IRP sortantes au CSE est à anticiper et à gérer en veillant à ce que les nouveaux élus démarrent leur mandat sur des bases saines.
l’article a répondu à ces questions
- Comment le comité d’entreprise (CE) transfère-t-il son patrimoine au CSE ?
- Que contient le patrimoine d’un CE ?
- Comment s’organise la passation entre les anciennes IRP et le CSE obligatoire ?
- Le CSE peut-il modifier des affectations du CE ?
Une de vos interrogations demeure sans réponse ? Partagez-la en commentaire, et nous y répondrons avec plaisir.
Bonjour,
je suis nouvellement élue CSE depuis le 17/09/2020.
Dans mon entreprise l’ancien CE a pris fin en novembre 2019, je découvre aujourd’hui que le CE n’a pas procédé à la clôture des comptes
Le CSE s’est réuni en janvier 2020 a malgré tout voté l’affectation des biens.
Pour des raisons d’irrégularité électorales cette élection CSE été annulée par le tribunal pour irrégularité en Juin 2020. La gestion du patrimoine du CSE a été confiée à un administrateur judiciaire jusqu’aux nouvelles élections de sept 2020.
Aujourd’hui, ( septembre 2020) l’employeur souhaite corriger la situation en réunissant l’ancien CE et en lui demandant de donner quitus, et prévoit à l’ordre du jour de la première réunion d’installation des nouveaux élus CSE de voter l’affectation des biens transférés par le CE.
Cette situation me parait aberrante, puisque les mandats des anciens élus CE n’ont plus court.
Pouvez vous m’indiquer si cette procédure est régulière? A défaut comment régulariser la situation.?
Bonjour et merci pour ce cas concret qui, en effet, me laisse très dubitative. La situation est plus que douteuse et irrégulière.
Avez-vous consulté l’administrateur judiciaire ? Ayant tous les éléments en sa possession, il pourrait se prononcer et vous aiguiller. À défaut, n’hésitez pas à demander conseil à l’inspection du travail.
Bon courage à vous et à bientôt sur CSE Officiel 🙂
Bonjour,
J’ai une question sur la gestion d’un contrat reconductible d’un prestataire de boissons.
J’ai l’ancien secrétaire du CE, qui est parti sans dénoncer le contrat du prestataire, ce qui reconduit à nouveau le contrat pour trois ans qui ne fait plus d’unanimité auprès des salariés et qui ne respecte pas les prestations.
Je veux savoir si j’ai le droit de resilier ce contrat qui a été signé à l’époque CE, vu maintenant nous savons mis en place le CSE par une nouvelle équipe. Voir le contrat ci-dessous.
DUREE:
La convention est conclue pour une période de sept ans. elle se renouvelle ensuite par tacite reconductrice par période de deux ans.
Cordialement